mercredi 22 avril 2015

Loque Européenne !

Il y avait bien quelques raisons à se méfier de cette fin mars un peu trop fraîche…

La première visite de printemps se fera donc cette année le 8 avril contre 17 mars l’année passée, les températures diurnes ne permettant pas l’ouverture des ruches dans des conditions acceptables.

La veille, le 7 avril, une visite au rucher (qui est quasi quotidienne) m’alerte quant à l’odeur qui s’en dégage : quelque chose de fort, plutôt aigre, pas très agréable. Je crains quelque chose de vilain pour le lendemain…

Le 8 avril, j’ai confirmation en ouvrant enfin mes ruches, que trois d’entre elles ont la loque européenne, heureusement la moins grave des deux loques (l’autre, américaine est plus difficile à traiter et la bactérie est rémanente sous forme de spore pendant 40 ans..). Il s’agissait des populations les moins fortes en entrée d’hivernage : le manque de pollen et le temps frais de mars leur aura valu une résistance moindre que les autres. La loque ne s'attaque qu'au couva
in et pas aux abeilles adultes et peut provoquer une dépopulation importante pouvant mener jusqu'à la mort de la colonie. La pression qu'exerce Varroa peut aussi expliquer l'apparition de la loque, mais toutes les ruches ont été traitées et peu de varroas ont été observés sur les plateau, ce qui semble indiquer un infestation non critique.

Les deux autres ruches sont à l’inverse très dynamiques et populeuses et si elles sont également infectées, cela ne se perçoit pas et ne devrait pas durer très longtemps. Cependant, il faut bien considérer que ce ne sont pas 3 ruches qui sont malades, mais bien le rucher qui s'appréhende comme un tout...

Dans les ruches les moins peuplées, des cadres moisis sont présents.



Comment reconnaître la loque européenne ? hormis cette odeur désagréable caractéristique, le couvain meurt généralement avant operculation. Les larves ne sont plus blanc nacré et occupant pleinement leur cellule, mais passent au terne avec une zone jaunâtre puis au brun et n’occupent plus qu’une partie de la cellule du fait de leur affaissement, jusqu’à ne plus représenter qu’une écaille blanche ou noirâtre qui se détache aisément de la cellule.

en 1 : larve avec tâche jaunâtre ; 2 : larve affaissée 3 : opercule "rongée" ou effondrée
Le test « de l’allumette » permet de différencier les deux loques. La loque américaine touchera plus le couvain operculé, dès lors, à chaque opercule à l'aspect effondré ou partiellement ouvert, on enfoncera une allumette que l'on retirera lentement : si la larve s'effile sur plusieurs centimètres alors il s'agit vraisemblablement de la loque américaine. Les deux formes coexistent fréquemment et les loques ne sont pas rares dans la région, selon le GDSA (Groupe de défense sanitaire apicole) local, cela pourrait être de l'ordre de 30 % des ruches.

Ici la larve forme un amas au bout de l'allumette et ne file que très peu (1 cm max)
La déclaration de ce type de maladie au GDSA est à faire pour se faire aider à procéder aux bons traitements (qui peut être antibiotique mais ce n'est pas autorisé en apiculture française), pour permettre un suivi sanitaire de la zone apicole où l'on réside et pour limiter les risques de propagation de rucher à rucher.

Le traitement a consisté à resserrer les ruches sur 6 cadres pour permettre à ces populations plus faibles de mieux chauffer leurs nids à couvain, à nourrir avec un sirop protéiné pendant une semaine pour traiter une des causes de l'apparition de la loque (manque de protéine (pollen)), et une météo plus clémente permettant à nouveau une rentrée régulière de pollen et nectar. Les cadres en excédents sont détruits.

Des cadres moisis...
Enfin, les abeilles finissent elles-mêmes le travail en nettoyant les cellules du couvain mort. C'est souvent tôt le matin que l'on pourra voir ce travail de nettoyage sur la planche de vol. La loque américaine rend les larves collantes et ce travail de nettoyage est beaucoup plus difficile. A noter que ce comportement est plus ou moins marqué selon les colonies, une souche nettoyeuse aura donc plus de chance de s'en sortir.

Comportement de nettoyage le matin ; les larves malades/mortes sont évacuées


Nous suivrons ce qui adviendra de ces colonies au cours de la saison.

A bientôt pour des nouvelles plus réjouissantes !