mercredi 24 septembre 2014

Le rucher de mon grand-père

C'est un grand classique, quand je récupère des essaims, souvent les gens me disent que leur grand père était apiculteur et les abeilles et le miel font partie des souvenirs d'enfance.

Vieux rucher familial en Ubaye

Il y a deux générations, le monde paysan existait encore et nombreux sont ceux qui conservaient cette habitude ancestrale du rucher familial. Ce sont souvent quelques ruches produisant assez de miel pour la famille et de quoi en distribuer un peu, ou plus surement le troquer contre de menus services.

Quelques ruches avaient une vitre permettant d'observer l'intérieur, un peu comme le cadre témoin qui permet de juger de l'activité d'une ruche pour adopter la conduite à tenir

En deux générations les modes de vie ont radicalement changé : le monde paysan disparaissait, l'urbanisation de la population s'affirmait et le sucre blanc devenait une évidence rendant le miel plus accessoire. Aujourd'hui la sensibilisation à la protection de l'environnement, le retour de la  nature en ville suscite à nouveau des vocations d'apiculteurs. 

La fabrication des ruches devaient être "maison" et on voit ici l'emploi important du bois comme les restes de poignées.

j'ai eu le petit bonheur de trouver cet été en Ubaye un rucher de ce type...et la chance de pouvoir rencontrer un vieux monsieur qui m'a raconté un peu le rucher de son père (le grand père de la génération de jeunes adultes aujourd'hui). Le dernier essaim est mort il y a 5 ans environ, peu après la disparition du grand-père. "Les abeilles sont mortes avec lui" me disait-il, ce qui peut surprendre un peu mais si l'abeille demeure sauvage, un rucher qui n'est plus conduit est rapidement voué à sa perte.

La ruche est paillée sur ses 4 faces pour renforcer son isolation, ici visible au centre

La conduite du rucher était "raisonnée" : pas de sucre ni de récolte à outrance. Les ruches étaient grosses, souvent à 14 cadres, la récolte unique courant juillet, et de cette façon la colonie conservait assez de miel pour passer un hiver rigoureux à 900 m d'altitude. Ce n'est pas comme ces "caisses carrées" (la Dadant 10 cadres)  faites pour la transhumance mais qu'il faut nourrir sans cesse, me dit-il, et qui pouvait ramener la maladie ! 

au centre, cette ruche d'élevage carrée assez étrange

Difficile de cerner le savoir faire apicole, mais visiblement le grand-père faisait ses essaims également et utilisait cette ruche ressemblant à un tronc avec une lourde pierre dessus.

Et à l'époque du grand-père... il n'y avait pas de varroas, pas de frelons asiatiques, pas d'insecticides autant nocifs, pas de semences enrobées de néonicotinoide, pas d'OGM... tiens, ça fait un peu vieux ronchon cette envolée, en attendant, je vous conseille ce grand angle de BFM Tv du 23 septembre ; http://www.bfmtv.com/mediaplayer/replay/grand-angle/

On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas !



vendredi 12 septembre 2014

Incroyable abeille : comment s'adapte-t-elle au frelon asiatique...


La pression exercée par les frelons tant européens qu'asiatiques est montée en puissance au cours du mois d'août pour atteindre une vingtaine de frelons devant les ruches début septembre.

Ci-dessous, la video reprend en image l'activité moyenne de ces frelons.



D'ailleurs, j'en viens à penser que le focus fait sur le frelon asiatique est peut être exagéré (c'est un peu hérétique comme propos !). En effet le frelon européen était présent depuis assez longtemps et il n'est pas en reste dans la razia organisée ! Pour en juger, il suffit de voir qu'ils remplissent majoritairement les pièges qui semblent beaucoup moins attractifs pour le frelon asiatique. Ce dernier a également une technique de chasse très spécialisée en faisant du vol stationnaire devant les ruches (ce qui le rend très visible et peut être par là plus médiatique) alors que le frelon européen semble beaucoup plus opportuniste et ramasse tout ce qu'il peut en toutes circonstances, sans faire le siège de l'entrée des ruches.

En quoi l'abeille s'adapte donc par rapport au siège organisé par le frelon asiatique (majoritairement) ? En inventant la "drop zone" ! 

Kesako ? la technique consiste en deux adaptations. La première est de former un groupe cohérent et solidaire là ou les butineuses vont atterrir. Notons au passage que les abeilles s'adaptent également au grillage à poule que leur apiculteur attentionné a mis devant la ruche en organisant la drop zone à l'extérieur du grillage.



Ci-contre et ci-dessous, deux types de drop zone, l'une totalement extérieure au grillage, l'autre en surface. Ci contre l'attitude classique des gardiennes tournées vers le danger extérieur, ci dessous, les abeilles se tiennent l'une l'autre (comme une chaîne cirière).


Remarquez la butineuse chargée de pollen venant d'atterrir à droite en bout de chaîne. (pour mémo, vous pouvez avoir un plein écran de la photo en cliquant dessus si vous êtes sur le blog).


La seconde adaptation touche au vol d'approche de la butineuse. D'ordinaire, cette dernière en rentrant du boulot décélère fortement et peut faire un petit balancé de reconnaissance devant la ruche. Cette attitude la rend extrêmement vulnérable compte tenu de la technique de chasse du frelon asiatique qui en profitera pour tenter sa chance. La butineuse modifie alors son comportement de vol et atterrit plus brutalement... sur la drop zone ! Dès l'atterrissage, elle court à couvert des gardiennes mettre son butin à l'abri, fascinant !
En image, la drop zone en pratique ! ce comportement est observable sur toutes les ruches.

Cette observation, outre l'émerveillement qu'elle m'a suscitée, peut redonner espoir quant à l'adaptation de nos avettes face à ce fléau. Mais cela  doit s'entendre avec une pression moyenne des frelons, ce qui n'est plus le cas lorsqu'ils sont plusieurs dizaines sur une seule ruche !

En attendant, certains apiculteurs ont passé le cap du simple grillage à poule pour atteindre celui de poulailler , c'est notamment le cas de ce basque qui en explique la technique : http://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/video-la-poule-l-arme-d-un-apiculteur-contre-le-frelon-asiatique_432372.html



lundi 8 septembre 2014

... et reprise de la ponte !

ça devait être le tube de l'été dans les ruches "Je coupe la ponte.... et je remets la ponte !".

D'une quasi totale absence de couvain observée le 25 août, chaque ruche repasse à environ deux ou trois cadres de couvain, déjà operculé en majorité, avec également des oeufs et larves à tous les stades.

Le phénomène était finalement des plus naturels, même s'il était spectaculaire. En l'absence de ressources dans l'environnement en août, les colonies avaient cessé l'élevage de couvain. C'était donc une parfaite réponse à ce que n'offrait pas la nature et cela évitait d'épuiser inutilement les réserves de la colonie.
Un des signes extérieurs manifeste de l'inactivité des abeilles était la formation de grappe alors même qu'il ne faisait pas chaud. Depuis ces amas d'abeilles ont disparu et la rentrée de pollen  a repris  à bon rythme. 

des abeilles bien oisives...

Cet arrêt de la ponte a coincidé au moment où les traitements contre l'acarien "varroa" devait être effectué (soit après le prélèvement des hausses). Il n'en n'a été que plus efficace, rien n'échappant à l'acaricide dégagé par les lanières placées à cet effet dans la ruche.

un des médicaments possibles : l'apivar. Ici deux "lanières" plastiques, diffuseur du médicament, qui seront insérées entre les cadres de la ruche.

L'autre observation intéressante est que l'emplacement des cadres de couvain se trouve identique pour les 5 ruches, soit du côté recevant le plus de soleil direct (dans notre cas, c'est l'ouest). Cela préfigure l'emplacement de la future grappe hivernale.

L'inconnu à ce stade est de savoir si l'interruption de ponte n'a pas été trop radicale et si les colonies pourront générer assez d'abeilles d'hiver pour la mauvaise saison (elles n'ont pas tout à fait la même morphologie que les abeilles d'été avec notamment un corps gras plus développé et vivent plus longtemps, soit six mois versus un seul pour les estivantes !).


vendredi 5 septembre 2014

Blocage complet de la ponte !

Alors que les hausses étaient retirées fin juillet, j'installais le dispositif antifrelon début août et remettait une hausse sur la ruche la plus vigoureuse ainsi qu'une grille à propolis. Le mois d'août est propice au miel de calune dans la région, alors pourquoi ne pas tenter ?

et voici le rucher version poulailler...


De retour fin août, l'observation est la suivante :

- la hausse est totalement vide : ce qui présume d'une pénurie de ressources dans le secteur
- la grille à propolis n'a pas été colmatée
- il n'y a presque plus aucun couvain dans l'ensemble des ruches, ni ponte observée ! Une reine est aperçue.

Vu comme ça, le rucher est condamné à mourir.

Que s'est il passé ?
- une pénurie marquée a provoqué l'arrêt de la ponte (après récolte j'avais procédé à un nourrissage unique d'un 1/2 litre par ruche)
- une pression accrue des frelons entravant fortement l'activité des abeilles, renforçant le premier effet.
- un facteur d'intoxication ? mais rien ne permet objectivement d'évoquer ce facteur.

Le traitement :
- deux nourrissements en l'espace de 10 jours, avec un sirop dilué à 40% (plus concentré donc)

Observation le 4 septembre d'une rentrée de pollen régulière sur certaines ruches, c'est un signe de reprise de ponte. Le prochain contrôle me dira si cette reprise est suffisante pour préparer l'hiver...